Balianophobie : l’ogre des banlieue

Si je vous dis « jeune de banlieue », quelle image vous vient ?
Si vous pensez à un jeune maghrébin en survêt’ à capuche, dealant au bas de son immeuble, je vous propose de lire ce qui suit 👇

« Jeune de banlieue », mythe ou réalité ?

Derrière cette expression se cache une construction sociale et médiatique. Ce n’est pas une simple description géographique, mais un raccourci qui enferme en une seule image une diversité de stéréotypes.

📘 Car comme l’explique T. Guénolé dans son livre « Les jeunes de banlieue mangent-ils les enfants ? » :

« Pour les classes moyennes qui dominent la société française, le jeune de banlieue synthétise en un seul ogre moderne ses haines et ses peurs envers les pauvres, les jeunes et les Arabes. On attribue à cet ogre la plupart des pires maux de la société, au premier rang desquels la criminalité. »

Le « jeune de banlieue » incarne donc 3 figures qui, historiquement, ont cristallisé les peurs en France :

  • Le jeune, perçu comme un élément de rupture qui remet en question les normes établies
  • Le pauvre qui rappelle l’insécurité économique et sociale que beaucoup préfèrent ignorer
  • L’Arabe/Musulman, vu comme “l’autre”, celui qui ne s’inscrirait pas dans “l’identité nationale”

(Pour info 50% des jeunes vivant en banlieue ne sont pas d’origine étrangère récente. Et quand ils le sont, il ne s’agit pas uniquement du Maghreb)

Le « jeune de banlieue » devient un repoussoir pratique, un bouc émissaire qui concentre tous les maux de la société.

Tous ces préjugés conduisent à une discrimination : la balianophobie.

Les préjugés ne disparaissent pas d’eux-mêmes.
Ils se déconstruisent par la rencontre et l’éducation.
Il est essentiel de sortir de la logique du “nous” contre “eux” pour regarder la réalité avec plus de nuances.

Alors, pour commencer, je vous invite à vous inspirer de ces 3 ressources :

  • Le documentaire « La banlieue, c’est le paradis », disponible sur France TV, qui met en lumière une réalité bien différente des clichés
  • Le livre cité plus haut « Les jeunes de banlieue mangent-ils les enfants », aux Editions BDL. Même s’il a 10 ans, il est toujours autant d’actualité.
  • Le film « Deux ou trois choses que je sais d’elle » qui suit une jeune mère de famille habitant dans un grand ensemble de la région parisienne. À travers elle, on découvre le portrait de la société tout entière des années 60.