Grossophobie : une jeune femme obèse sur deux s’en déclare victime

La grossophobie — rejet, moquerie ou exclusion fondés sur la corpulence — est une discrimination à part entière. Selon la Ligue contre l’obésité, si près d’un·e Français·e sur cinq subit ou a déjà subi des discriminations (en général), les personnes en obésité en sont particulièrement victimes : près d’une jeune femme sur deux en situation d’obésité en est victime.

Une discrimination qui croise souvent d’autres formes d’exclusion (sexisme, validisme, racisme ou LGBTphobies) et dont les effets sont multiples, tant sur les plans sanitaires, sociaux que psychologiques.

Un enjeu social et sanitaire majeur

Les conséquences de la grossophobie dans le milieu médical sont lourdes : 40 % des personnes obèses rapportent éviter les soins médicaux par crainte de mauvais traitements ou d’humiliation, ce qui aggrave les risques pour leur santé mentale et physique. (source : Ligue contre l’obésité, Baromètre 2023)

Sans parler des retards de diagnostic : des pathologies graves peuvent être sous-diagnostiquées ou attribuées par défaut au poids, au détriment de la prise en charge globale.

Au quotidien, la grossophobie se traduit également par l’absence de fauteuils, brancards ou instruments adaptés, ce qui complique les soins et renforce le sentiment de marginalisation médicale. Certaines salles d’attente, tables d’examen, ou tensiomètres standards ne conviennent pas à toutes les corpulences, excluant potentiellement les patient·es et créant des situations humiliantes.

Comme le déplore Daria Marx, militante :

« La société préfère parler de santé publique que de la violence grossophobe, pourtant banale et souvent invisible. » 

Une discrimination dans l’emploi

Dans le monde professionnel, la grossophobie est également bien présente : à compétences égales, un·e candidat·e jugé·e trop gros·se aura 30 % de chances en moins d’être rappelé·e.

Puis une fois la personne embauchée, peuvent venir les moqueries, l’isolement, les difficultés à participer à certaines activités sociales et même une moindre rémunération. 20 % des personnes obèses déclarent avoir subi du harcèlement ou des humiliations professionnelles et un IMC élevé est associé à un écart salarial pouvant atteindre 10 % chez les femmes.

(sources Observatoire des Inégalités, Discrimination à l’embauche, 2024 ; CNRS, « Poids et inégalité salariale », 2023).

Une discrimination socialement tolérée

Baisse de l’estime de soi, anxiété, dépression, troubles du comportement alimentaire… sur le plan psychologique, les conséquences de la grossophobie peuvent être multiples. Et pourtant, comme pour les domaines de la santé ou de l’emploi, les discriminations liées à la corpulence sont toujours minimisées, invisibilisées.

Gabrielle Deydier, autrice de « On ne naît pas grosse », explique  :

« La grossophobie est la dernière discrimination socialement tolérée, celle qui fait rire et dont on ne se cache pas. »

Et pourtant, cette inaction n’est pas sans conséquences financières pour la société française. Selon les estimations d’Asterès, les pertes liées à l’obésité atteignent en 2024 :

  • 9 milliards d’euros sur le marché du travail
  • 11 milliards d’euros de coût médical

Et vous, où vous situez-vous ?

Comme prise en étau, la lutte contre les discriminations se joue aussi bien à l’échelle systémique qu’individuelle. Et pour cela, rien de mieux que de questionner nos pratiques.

  • D’après le baromètre StopGrossophobie 2023, 70 % des personnages gros·ses dans les films français sont tourné·es en dérision ou associé·es à la maladresse. L’aviez-vous remarqué ? Qu’est-ce que cela génère en vous ?
  • Et lorsque vous croisez une personne en surpoids dans votre quotidien, vous faites-vous une opinion sur elle en fonction de son apparence ?

L’objectif de ces questions n’étant bien évidemment pas de vous juger, mais d’éclairer les zones d’ombres qui restent à explorer 💡